Rêve de paix

« Chose merveilleuse, c’est précisément la guerre qui développe chez les natures rêveuses le besoin de se réfugier dans le domaine spirituel devant la brutalité et la violence du monde environnant.  Archimède, qui continue à tracer des cercles alors que la soldatesque a déjà envahi sa maison, demeure à jamais, le plus pur symbole du vrai savant [sage]. »
Stephan Zweig – La guérison par l’esprit

Deux magnifiques colombes entourant le soleil sous un ciel bleu azur

Des millions de minutes offertes au monde

1986 : Année Internationale de la Paix décrétée par l’ONU.
Cette année-là, des bénévoles dans 150 pays ont organisé un programme qui portait ce nom abstrait de L’Appel pour le Million de Minutes de Paix”.
Tout est parti de quelques jeunes Australiens qui ont eu cette idée saugrenue de demander aux habitants de la planète de faire le don de quelques minutes de leur temps, juste quelques pensées, une méditation ou une prière, offertes aux monde.

Dans chaque pays, ce programme prit une forme et une ampleur différentes. En France, c’est le Directeur Général de l’UNESCO en personne, en présence de nombreuses personnalités du monde du spectacle, qui a inauguré le lancement du bus à deux étages qui a sillonné tout le pays et même une partie de la Suisse… bus qui avait été préalablement aménagé par une autre équipe de bénévoles, avec une salle de méditation sur le pont supérieur et la grandiose sculpture d’un oiseau dont les plumes devaient symboliser celles qui avaient été utilisées par des milliers de personnes pour écrire les millions de minutes qu’elles offraient pour la paix dans le monde.

Le 21 septembre de cette même année, journée internationale de la paix, plusieurs millions de minutes de paix ainsi collectées dans le monde ont été offertes, en mains propres, au Secrétaire Général de l’ONU, à New-York.

C’était un très beau programme et j’ai été très heureux d’y consacrer six mois de ma vie à plein temps, mais je me suis toujours demandé quel impact réel il avait eu sur l’état du monde…

Or, récemment, j’ai appris dans le Dictionnaire de l’Impossible de Didier van Cauwelaert, qu’à la fin des années 80, en pleine guerre entre Israël et le Liban, des chercheurs américains (Orme-Johnson, Alexander, Davier et Chandler) envoyèrent sur les lieux de conflit, dans le cadre du “Projet International pour la Paix au Moyen-Orient”, un “commando de penseurs” entraînés à la “méditation optimiste” avec pour “mission de se réjouir » en éprouvant un sentiment de paix, en restant en quelque sorte dans la conscience que la guerre est déjà finie ! Et sur tous les lieux traversés par cet escadron de “casques roses”, la paix dont ils se félicitaient devenait une réalité ! Arrêt des actions terroristes, baisse significative des offensives et des ripostes, respect spontané de trêves inattendues, fraternisation des factions rivales… Mais dès qu’ils arrêtaient de “ressentir la paix”, la guerre reprenait.

On refit le test plusieurs fois avec le même résultat, à savoir que le “rêve de paix” l’emportait sur la réalité de la guerre.

Cette application à grande échelle de la méthode Coué produisit des résultats si spectaculaires qu’ils furent relatés, analysés, modélisés dans une très sérieuse revue académique internationale, le Journal of Conflict Resolution.

Armes spirituelles

Sur la base de ces résultats pratiques, on élabora une théorie. Des psychologues et des statisticiens de l’université de Princeton réussirent à définir le nombre de personnes nécessaires pour stopper mentalement une guerre. D’après leur étude, il suffit que la racine carrée de 1 % de la population concernée (soit 7 746 bénévoles à l’échelon planétaire – chiffre de 2007) ressente la paix pour que celle-ci devienne réalité.

A défaut d’aller sur place, pour combattre ou pour soigner, ou d’envoyer des Bitcoins ou des NFT dans les zones de conflit ou de famine, nous pouvons peut-être leur fournir des armes spirituelles, pouvoirs de l’esprit, en ayant la foi que la force et la sincérité de notre pensée, de nos bons souhaits et de nos motivations altruistes ont un réel impact, et que le rêve de paix l’emporte sur la réalité de la guerre.

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