Ce qu’est une vie…

C’est drôle une vie quand on y pense. Surtout si on la prend comme telle, hors contexte, rien avant, rien après. Jusqu’au dernier moment, on reste persuadé que la vie est un acquis permanent, une donnée immuable…

Une femme assise jambes croisées au milieu d'un pont en bois

Que de passions, de joies, de bonheurs, de chagrins, de peines, d’attachements et de détachements plus ou moins forcés, que d’espoirs et de désespoir, d’amour et de désamours, de maladies, d’accidents, de rencontres, de déceptions, de réalisations, de changements et de transformation, de solitude, d’ennui, d’égoïsme, de générosité, d’inventivité, de peurs, d’angoisse, de légèreté de l’être, de foi, d’incrédulité ou de cynisme, que de rejets aussi qui laissent des traces si profondes qu’une vie souvent ne suffit pas à les effacer…

Beaucoup de temps passé à le perdre, à dormir, boire et manger, à agir, à s’agiter pour accumuler des biens et des honneurs, à se battre pour sa survie, son confort, celui de sa famille et de ses proches, à prier, à croire qu’on aime et qu’on est aimé, à envier, à admirer et à jalouser, à posséder, à gagner et à perdre, à culpabiliser, à donner ou à penser qu’on donne, à galérer, à étouffer, à déprimer, à rattraper le temps perdu, à convoiter, à partager, à se séparer, à observer, à méditer, à se demander si la vie dicte sa loi ou si on est né comme ça, si un Dieu existe et ce qu’il peut bien faire tout seul là-haut…

Toutes ces ambitions après lesquelles on court, toutes ces occasions manquées, tout ce qu’on a fait ou qu’on a omis de faire, pour que tout cela au bout du compte tombe dans l’oubli…

Comme disent les anglais : « Life is tough… and then you die! » (La vie est dure… et puis tu meurs !).

Creusons un peu plus…

Jusqu’au dernier moment, on reste persuadé que la vie est un acquis permanent, une donnée immuable… On fait comme si ! On se bat pour des richesses, des positions, une sécurité morale et matérielle, comme si c’était pour toujours, alors que la mort est là, certaine, au détour d’un accident, d’une maladie soudaine. Et au lieu de s’y préparer, à tout instant, on fait comme si elle n’existait pas.

Nous vivons avec ce paradoxe permanent que la fin, en fait, n’est pas le but.

La mort n’est ni l’objectif ni même la conclusion de la vie, même si elle peut en être un des facteurs d’importantes réalisations.

L’objectif c’est la transformation de l’âme,
mon propre changement né de ma compréhension de certains éléments intérieurs que je n’arrive pas à voir ou à accepter,
afin de repartir en emportant dans mes bagages
de meilleures dispositions spirituelles.

Mieux : Pas de bagage du tout !

Vie de renonciation et de sacrifice ou bien vie de sublimation, en suivant ses aspirations spirituelles ? Vie d’effort et de discipline ou bien vie de plaisir spirituel, à la façon d’Épicure, en distinguant plaisirs égoïstes et altruistes, matériels, éphémères et spirituels ?

To each his own…

Ça fait bizarre de se retrouver à près de soixante dix ans avec l’impression qu’on en a toujours trente cinq et de s’apercevoir qu’il n’y a plus rien à attendre, qu’il n’y a plus rien ou presque devant nous et qu’on se surprend de plus en plus souvent à revivre les bons, les tendres ou les pitoyables moments du passé !…

Un lieu, un parfum, des retrouvailles, une vieille photo ou une madeleine fameuse, à se remémorer des épisodes heureux et d’autres pénibles, à se demander si l’existence précède l’essence ou si c’est l’inverse alors que les deux sont vrais et compatibles ensemble, vus sous un angle spirituel.

L’âme naît avec certaines empreintes intérieures, toutes différentes, que la vie lui permet de révéler, parfois contre son gré.
Ce faisant, elle acquiert une certaine expérience qui transforme ces mêmes empreintes. Cette transformation, à son tour, modifie sa réponse aux stimuli extérieurs et ainsi de suite, non pas selon un schéma linéaire mais cyclique et illimité.

Dans ce rapport entre l’être et le “faire”,
les empreintes de l’âme conditionnent ses choix
et ce qu’elle fait ainsi modifie (renforce ou allège)
ses empreintes intérieures.

Archibald Alec Leach ne parvenait pas à comprendre pourquoi l’attitude dure et méfiante qu’il entretenait vis-à-vis des femmes qu’il aimait aboutissait inéluctablement à des ruptures.
Il lui fallut entreprendre un long et courageux voyage intérieur pour réaliser enfin la blessure profonde qu’avait laissée en lui l’abandon de sa mère à l’âge de neuf ans. C’est d’autant plus sordide et douloureux que ce n’est que beaucoup plus tard, alors qu’il était devenu Cary Grant, qu’il apprit que son père (qui l’avait également abandonné après s’être remarié) avait placé sa mère dans un établissement psychiatrique en lui faisant croire qu’elle était partie en vacances en l’abandonnant.

Parfois je me demande si la vie n’est pas seulement un long fleuve troublé par le seul besoin d’être aimé.

Quelques fabuleux récits !

Une vie est parfois un passage difficile pour subir un traumatisme et apprendre à le dépasser après avoir pardonné, confronté, transformé, évacué.

Gillian Lyne avait huit ans mais son avenir était déjà largement compromis ! Elle était tellement instable et agitée que sa mère l’a emmenée chez un psychiatre qui a eu l’idée de génie de la laisser seule dans son bureau avec de la musique. Aussitôt, elle s’est levée et s’est mise à danser. Le psy a dit à la mère de Gillian : « Vous savez Madame, votre fille n’est pas malade. C’est une danseuse-née. Inscrivez-la dans une école de danse ! ».

Pour Gillian, ce fut une libération ! Après plusieurs années à étudier la danse, elle fut acceptée à l’école du Ballet Royal de Londres. Elle est devenue danseuse étoile et s’est produite dans le monde entier.

Après sa rencontre avec Andrew Webber, elle créa certains des ballets les plus connus au monde comme Cats et Le Fantôme de l’Opéra.

La petite fille à l’avenir compromis est devenue une des chorégraphes les plus célèbres et les plus récompensées à travers le monde. Il fallait juste qu’elle devienne qui elle était vraiment !

A l’âge de 19 ans, Amy Purdy a attrapé une forme aiguë de méningite bactérienne qui affecte le système circulatoire. En l’espace de 24 heures, elle a perdu ses deux reins et, pour la sauver, on a dû lui couper les deux jambes sous le genou. Pour elle qui n’aimait que le surf, le snowboard et la joie de vivre, ce fut un choc affreux. Persuadée que sa vie était finie et complètement déprimée en voyant les horribles fausses jambes qu’on lui proposait, elle a tout de même décidé de travailler avec le prothésiste pour améliorer le « tout-venant ». Sept mois plus tard, elle se remit au snowboard et un an après son amputation, elle termina troisième d’une compétition dans les montagnes qui bordent l’Est de la Californie. Elle a créé son association pour aider les sportifs handicapés tout en se lançant dans plusieurs carrières de mannequin, d’actrice et de danseuse.

Sa vie s’est arrêtée avec sa maladie et c’est aussi là qu’elle a commencé ! Une vie beaucoup plus riche aux niveaux personnel, social et spirituel.

Mais quel courage !

Dans son livre « Vivre au-delà des limites » et dans sa TED Talk (2011), elle décrit comment les obstacles peuvent soit nous bloquer, soit nous forcer à être créatif.

A l’âge de 12 ans, John Wilson entre dans sa classe de chimie quelque part en Angleterre, sans savoir que sa vie allait changer complètement. Le tube à essai que son professeur lui a demandé de chauffer avait été mal préparé et contenait en fait une substance particulièrement volatile. Lorsque John l’approcha du bec benzène, le tube explosa, détruisant une partie de la classe, blessant de nombreux élèves et rendant John aveugle. Pour pouvoir continuer ses études, il apprit le braille et étudia le droit à Oxford. En 1946, il découvrit que de nombreuses populations africaines souffraient de malvoyance et décida de s’installer avec sa femme au fin fond du Ghana, dans une contrée appelée « la terre des aveugles » à cause d’une maladie perpétuée par des piqûres d’insectes qui rendait une partie de la population aveugle. En 1960, cette maladie était éradiquée de cette région grâce aux efforts de John Wilson.

John Wilson perdit la vue et eu une vision de ce que devait être sa vie.

Le moment le plus important est le film de toute une vie qui défile en une seconde durant un accident ou sur son lit de mort et où la question se pose inéluctablement :
« Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ?
Ai-je fait du bien autour de moi ?
Ai-je donné un peu de bonheur ?
Ai-je fait du mal à certains ?
Ai-je vécu de façon totalement égoïste ?
Qu’est-ce que je laisse derrière moi ?
Ai-je appris certaines leçons de la vie ?
Ai-je eu une vie heureuse?
Et si je devais la recommencer…. ».

Bref, comme le disait Paul Mercey, alias Henri : « L’on naît, l’on vit… l’on trépasse ! »…

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