Quand on dit de quelqu’un qu’il est « pieux et qu’il craint Dieu », cela signifie généralement qu’il s’engage sincèrement dans des pratiques religieuses telles que la prière et qu’il vit selon les enseignements moraux de sa foi. Craindre Dieu implique d’éprouver un sentiment de respect et d’admiration envers le Tout-Puissant, vivre avec la conscience que je dois Lui rendre compte de mes actions. Ceci peut me rendre plus responsable, mais la crainte du jugement de Dieu me rapproche-t-elle de Lui ?

Que se passe-t-il lorsqu’on craint quelqu’un ?
Notre relation avec cette personne est caractérisée par l’anxiété, l’évitement, la soumission et même le ressentiment. L’effet déstabilisant de la peur ne nous permet pas d’interagir normalement — et encore moins amicalement — avec l’autre personne. Nous pouvons la considérer comme toute-puissante, voire menaçante, ce qui conduit à une perception exagérée de son pouvoir et des conséquences potentielles de la mettre en colère. Cela favorise un sentiment de vulnérabilité qui fait que l’objectif principal de nos pensées et de notre comportement à son égard est de minimiser le risque, ou le risque perçu, plutôt que d’entrer en relation avec elle de manière significative.
La peur conduit également à des tentatives d’apaisement ou de satisfaction de la personne redoutée. C’est la force motrice derrière les rituels religieux qui visent à apaiser ou à obtenir les faveurs d’une divinité, plutôt qu’à atteindre un objectif spirituel plus profond. Dans certaines religions anciennes, des offrandes sacrificielles de nourriture, d’animaux ou même d’êtres humains pouvaient être faites pour assurer une bonne récolte, une protection en temps de guerre ou une sécurité contre les catastrophes.
Dans certaines cultures, les divinités étaient considérées comme capricieuses et étaient régulièrement apaisées par des offrandes afin de conserver leur faveur, car on craignait qu’elles ne provoquent des sécheresses, des famines ou des destructions.
Cela illustre clairement comment la peur crée une relation transactionnelle entre les croyants et le Divin. L’image effrayante de Dieu est-elle une projection des défauts humains tels que la colère, la violence et le désir de contrôle ?
La nature compatissante de Dieu
Pourtant, les principaux textes religieux soulignent la nature compatissante et miséricordieuse de Dieu.
La Bhagavad Gita dépeint Dieu comme compatissant et miséricordieux, offrant le pardon et la libération à quiconque se tourne sincèrement vers Lui. Le livre saint des sikhs dit que Dieu est inconditionnellement compatissant et indulgent. D’après le Granth, la grâce divine s’obtient par la dévotion, l’humilité et l’abandon, et non par des rituels.
Dans la Bible, de nombreux passages soulignent l’amour, la bienveillance et le pardon de Dieu, même face aux défaillances humaines. Le Coran décrit la miséricorde d’Allah comme le plus grand de ses attributs, et presque chaque chapitre du livre sacré commence par la phrase « Au nom d’Allah, le plus miséricordieux, le plus compatissant ».
Notre conditionnement, notre karma ou notre manque de maturité spirituelle peuvent fausser notre perception de Dieu, mais les textes mentionnés ci-dessus indiquent clairement que ce sont l’amour et la foi qui nous rapprochent de Lui.
La peur peut nous pousser sur le chemin de la vertu, mais elle ne peut être la base d’une relation aimante, confiante et épanouissante avec le Divin.
B.K. Geeta est professeur de Raja Yoga au siège de Brahma Kumaris à Abu Road, dans le Rajasthan.
