
La gomme dit au crayon :
– Comment vas-tu mon ami ?
Le crayon répond avec colère :
– Je ne suis pas ton ami ! Je te déteste !
La gomme dit avec étonnement et tristesse :
– Mais pourquoi ?
Le crayon rétorque :
– Parce que tu effaces tout ce que j’écris !
La gomme répond :
– Je n’efface que les erreurs !
Le crayon :
– En quoi cela te regarde ?
La gomme :
– Je suis une gomme et c’est mon travail !
Le crayon :
– Ce n’est pas un travail.
La gomme :
– Mon travail est aussi utile que le tien.
Le crayon :
– Tu as tort et tu es prétentieuse, car celui qui écrit est meilleur que celui qui efface !
La gomme :
– Supprimer l’erreur équivaut à écrire ce qui est bien…
Le crayon reste silencieux un moment puis dit avec un peu de tristesse :
– Mais je te vois raccourcir jour après jour…
La gomme :
– Parce que je sacrifie quelque chose de moi à chaque fois que j’efface une de tes erreurs.
Le crayon :
– Moi aussi je me sens chaque jour plus court que je ne l’étais…
La gomme dit en le consolant :
– Nous ne pouvons être utiles aux autres qu’en faisant un sacrifice pour eux.
Puis la gomme regarde le crayon avec une grande gentillesse en disant :
– Tu me détestes toujours ?…
Le crayon sourit et dit :
– Comment puis-je te détester alors que tu nous as rassemblés par le don ?
Chaque fois que tu te réveilles, ta vie diminue d’un jour… Si tu ne peux être un crayon pour écrire le bonheur des autres, sois une gomme douce qui efface leurs peines…
